Étude pour le Jardin de Cendrillon, ca 1925. Huile sur carton, 41 cm x 30 cm. Collection particulière, Grenoble, France.

Étude pour le Jardin de Cendrillon, ca 1925.
Huile sur carton, 41 cm x 30 cm. Collection particulière, Grenoble, France.

Jacqueline Marval par andry farcy

Conservateur du Musée de Grenoble de 1919 à 1949.
L’art d’aujourd’hui, éditions Albert Morancé, 1929.

 

Note du Comité Après leur rencontre au début du XXe siècle, Marval et Andry-Farcy deviennent bons amis. Elle et le conservateur du musée de Grenoble seront liés toute leur vie. Ils se sont battus ensemble pour faire du musée de Grenoble un haut lieu de l’art moderne en France.
Jacqueline Marval et Jules Flandrin le présenteront à Picasso et à Matisse, grâce à quoi ils feront don de certaines de leurs œuvres au musée de Grenoble (par exemple “Femme Lisant”, 1920, Picasso ou encore “Intérieur aux Aubergines”, 1911, Matisse).

“ Marval fut la glorieuse exploratrice de la forêt vierge du fauvisme, où, subtile panthère blanche, sur tous les sentiers nouveaux d’une nouvelle guerre contre l’académisme, elle entraîna toute la horde des fauves: Matisse, Braque, Vlaminck, Dufy, Friesz, Van Dongen… Elle fut la claire et divine agitatrice de cette révolte dont Jules Flandrin, chaque année, aux vacances, apportait régulièrement à ses amis de Grenoble un peu du tumulte raisonné, tumulte si attractif, que Francis Jammes « quittait Orthez pour venir voir Marval en son Salon d’Automne ». Marval, c’est donc la nouvelle trouvaille rapportée des lumineuses clairières, des fourrés mystérieux ne s’arrêtant qu’aux lointaines grèves où les espoirs banals n’aborderont jamais ; Marval, c’est la découverte des bleus paradis… où fleurs, rubans et toutes les pacotilles tentant le capricieux regard de nos sœurs de faiblesse, deviennent précieux et dignes de la corbeille de noces des reines du jour.

 

Le collectionneur Alfred Rome, Jacqueline Marval et Andry-Farcy, Tencin, 1917

 

Ce que Marval est allée chercher, ce qu’elle a rapporté des régions inconnues à l’extrême limite du beau pays du rêve, c’est un butin si lumineux qu’il éclabousse d’une éclatante blancheur toute la peinture française! On se souvient de cette salle des « fauves » au Salon d’Automne; aux hurlements que poussait, non les fauves, mais la foule, on pouvait mesurer l’ampleur du mouvement déclenché par Marval.

Depuis, des années sont passées, d’autres cortèges sont venus… Il est difficile, à qui vécut ces heures généreuses de la généreuse Marval, de commettre l’incorrection d’oser écrire ses préférences sur l’œuvre d’un des peintres modernes qui a le plus donné, qui a le plus appris à tous et représenta une des plus belles expressions de l’art de ce temps : le fauvisme marvalien.

L’élite n’a pas attendu pour attribuer à Marval la place qu’elle occupera dans l’histoire au temps où même les plus attardés lui rendront hommage, où même cette vieille retardataire de l’instant vivant et sensuel, l’Université de France, catéchisera en ses manuels, avec cette certitude de la foi des choses admises, pour louer l’art de celle qui a le plus détesté la gérontocratie!

Quant à nous dont c’est le rôle d’avant-garde de formuler avant les formulaires, ce n’est pas sans émotion dans l’hommage que nous écrivons: Marval, la première, exprima par les tonalités générales d’immaculée blancheur, que des rapports de tons, de clairs à clairs, de valeurs presque égales, peuvent picturalement se situer en les modelant de gris chauds opposés à des gris froids, tandis qu’un rappel de noir pur permet à l’œil de mesurer sans cesse l’étendue de l’écart du clair au sombre sur le clavier des couleurs.

Jacqueline Marval, c’est la peinture claire! ”